Le Festival de Bayreuth doit-il programmer autre chose que Wagner ?

C’est ce que voudrait la ministre de la Culture allemande.

Ce n’est pas la première fois que Claudia Roth exprime son mécontentement concernant la Colline verte. En 2022 déjà, la ministre fédérale de la Culture critiquait la façon dont était dirigé le Festival de Bayreuth, estimant qu’il y avait « vraiment beaucoup de réformes à faire ». Elle visait ainsi, sans la nommer, Katharina Wagner, l’arrière-petite-fille de Richard Wagner, à la tête de l’événement depuis 2015 – et qui devrait y rester au moins jusqu’à 2030. Deux ans plus tard, Claudia Roth explicite son propos en suggérant de monter à Bayreuth des opéras écrits par d’autres compositeurs que Wagner. « Je pense par exemple à Hänsel et Gretel de Humperdinck, une œuvre qui doit beaucoup à Wagner. Et il y a en a tant d’autres », a-t-elle expliqué à des médias allemands, tout en précisant « qu’il ne fa[llait] pas oublier que jusqu’à aujourd’hui, le Festspielhaus de Bayreuth ne peut contractuellement pas être utilisé pour la représentation d’œuvres qui ne sont pas de Richard Wagner ».

C’est en effet ce qui est écrit dans l’acte officiel de création de la Fondation Richard Wagner Bayreuth. Signé en 1973 par la famille Wagner, la République fédérale d’Allemagne, le land de Bavière et la ville de Bayreuth, le document cite parmi les objectifs de la fondation le fait « d’utiliser [le Festspielhaus] à des fins qui correspondent à celles souhaitées par son constructeur, c’est-à-dire uniquement pour la représentation de ses œuvres ». Pour réformer la programmation du festival, il faudrait donc changer les statuts de la fondation, ce qui n’effraie pas Claudia Roth : « Il est important que des institutions comme le festival de Bayreuth s’ouvrent au jeune public », affirme-t-elle, argumentant son propos en rappelant qu’en 2023, l’événement n’affichait pas complet à trois semaines de son lancement. « Le Festival de Bayreuth devrait devenir plus varié, plus coloré et plus jeune ».

Du côté des musiciens, ces déclarations ont déjà suscité quelques réactions. « À chaque fois que des politiciens se mêlent de la programmation des institutions culturelles, il n’en sort rien de bon », a écrit le ténor Andreas Schager sur son compte Facebook. Son collègue Klaus Florian Vogt, grand habitué de Bayreuth, a quant à lui rappelé que cette programmation 100 % Wagner était « unique au monde » et a appelé les décideurs à « ne pas abandonner quelque chose d’aussi précieux ».

Source : extrait de la revue "Diapason"  - Roxane Borde le 19 juillet 2024

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